mardi 16 octobre 2007

Ce n’est pas ma faute

Quelle est la première chose que disent les enfants pour se disculper? « Ce n’est pas ma faute ! ». Malheureusement ce refus de faire face à ses responsabilités ne s’atténue pas en vieillissant. Avez-vous déjà entendu un politicien, un sportif ou un président d’entreprise dire : « C’est ma faute! » ? Rarement! Nous sommes dans une société où tout le monde a des droits, mais où plus personnes n’a de devoirs. Le responsable n’est jamais quelqu’un, mais toujours quelque chose! Le philosophe ex-monologuiste Pierre Légaré déplore lui aussi cet état de fait en écrivant : « L'individu a maintenant juste des droits, aucun devoir. Il n'est jamais responsable de ce qui lui arrive, c'est soit la faute du gouvernement, de la société, d'une maladie ou de la température. Et, pour s'en sortir, il ne peut rien par lui-même. Ça s'apprend jeune. Les clignotants de l'autobus scolaire enseignent à chacun de nos enfants qu'il a le droit fondamental de se tirailler, lancer son sac d'école ou s'agenouiller en pleine intersection et à l'heure de pointe pour rattacher son lacet de chaussure s'il en a envie… Ses parents pensent eux-mêmes que c'est l'absence de barrières extensibles qui cause les chutes dans un escalier, l'absence de cache-prises de courant qui cause les électrocutions, l'absence de casque qui cause les accidents de vélo et l'absence de moustiquaires en fer forgé qui fait tomber leur enfant du troisième étage. Ils pensent aussi que ce sont les ponts qui causent les suicides et que quand un conducteur inexpérimenté au volant d'un autobus mal inspecté tue 46 personnes à Saint-Joseph-de-la-Rive, c'est la faute de la côte et la loi de la gravité devrait être déclarée inconstitutionnelle. Ils le croient vraiment.Les chroniqueurs de circulation ont maintenant la même croyance. Quand un véhicule dérape, prend le champ ou emboutit le véhicule devant, c'est la faute de la chaussée glissante, de la brume, du soleil, de travaux de voirie, jamais parce que son conducteur roulait trop vite, était distrait ou qu'il suivait de trop près.S'ébouillanter la cuisse en échappant son café, c'est la faute de McDonald qui sert du café chaud. Les poumons, coeur ou gencives qui ressemblent à ceux des paquets de cigarette, c'est la faute des fabricants de tabac et l'endettement, c'est la faute de ceux qui donnent accès au crédit, au casino ou à la 6/49. Même s'il est apte au travail, l'individu est irresponsable. Réclamons pour lui des logements sociaux, des services gratuits, la solidarité de tous envers lui mais jamais sa solidarité à lui envers tous. Fluorons son eau.Et si vous n'aimez pas ce que vous venez de lire, ne m'engueulez pas, c'est la faute de mon clavier. Payez-m'en un autre. »

Bien qu’il y ait une tendance moderne à la non responsabilisation de l’individu, cette attitude était déjà bien présente à l’aube de l’humanité au jardin d’Éden. En effet, suite à son péché, Adam fait deux choses : il va se cacher (Genèse 3.8) et met la faute sur Ève en disant que « c’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé » (3.12). En d’autre mot, Adam dit : « Ce n’est pas ma faute! ….C’est la faute de ma femme, du tentateur, de l’arbre, du fruit, de la circonstance, même de Dieu (remarquez le « que tu as mise auprès de moi ») mais certainement pas de la mienne! ». Ne pas assumer ses torts n’est pas un trait social, mais spirituel. Instinctivement, l’homme pécheur tentera toujours de camoufler sa responsabilité. A cet égard, il est particulièrement intéressant de lire les préceptes bibliques où Dieu enseigne aux croyants de l’Ancien Testament, qu’ils sont non seulement responsables de leurs actions délibérées, mais aussi d’incidents non intentionnels. Par exemple, un homme était responsable des coups de cornes que pouvait donner son bœuf ou encore des accidents qui pouvaient survenir sur sa propriété (Exode 21.12-36). Ainsi donc, si vos prières sont froides, si votre couple bat de l’aile, si votre vie n’est pas en règle avec Dieu, si votre ministère stagne, si... Avant de chercher un fautif, regardons à nous-même. Assumons notre part de responsabilité (il est vrai que quelquefois nous subissions le péché des autres, mais il est quand même rare que nous soyons totalement sans reproche). Et attendons-nous à la grâce de Dieu. Soyons de ceux qui ont le courage d’avouer devant les hommes « c’est ma faute ! » puisque nous servons le Dieu auquel nous pouvons dire « Lave-moi complètement de ma faute » (Psaume 51.4). Adieu!

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