mardi 4 septembre 2007

Réponse à un rétrograde

« Durant huit ans, le chroniqueur William Lobdell, du Los Angeles Times, a voyagé partout aux États-Unis pour couvrir la religion sous tous ses aspects. Ce qu’il a découvert l’a dégoûté, à tel point que ce born-again Christian énergique et sûr de lui est devenu athée l’an dernier. Sa défection a déclenché des passion aux quatre coin du pays ». C’est ainsi que débute un article paru dans le journal La Presse de samedi dernier intitulé « Perdre la foi… publiquement ». En 1989, un ami de Lobdell lui a lancé l'invitation à l’accompagner à l’église en lui disant : « Tu as besoin de Dieu. C’est ce qui manque à ta vie! ». Dès ce jour où il est devenu chrétien, il a commencé à harceler ses supérieurs du L.A. TIMES afin qu’il puisse débuter une chronique hebdomadaire sur la foi. En 1998 ses prières ont été exaucées et il a obtenu la rédaction de la rubrique « Getting Religion ». Que s’est-il donc passé entre ce jour où il a décidé de suivre Jésus et celui où il a décidé de le renier publiquement en pleine une de son journal le mois passé?

Je dois avouer que mon cœur a été brisé à la lecture du texte de Lobdell. Les sentiments qui m’habitent sont plus de l’ordre de la compassion que de la frustration. L’expérience de Lobdell se compare en tout point à celle de plusieurs de nos frères et sœurs que nous qualifions souvent de rétrograde, c’est-à-dire, ceux qui retournent en arrière. A la différence près que tous non pas une tribune de plusieurs millions de personnes pour décrire leurs états d’âme. Je crois pouvoir résumer en 5 points ce qui semblent avoir laissé Lobdell désabusé et désillusionné envers le christianisme en général.

1. Nombreux scandales
Le mandat d’enquêter sur les nombreux scandales de pédophilie qui ont frappé l’Église Catholique américaine est naturellement revenu à Lobdell. Il a été dégoûté de constater comment l’Église protégeait ses prêtres pédophiles tout en tentant de camoufler la vérité aux victimes. Non seulement le clergé, mais aussi bon nombre de paroissiens! Par exemple, il se souvient avoir été invité à une cérémonie en l’honneur d’un prêtre qui quittait son ministère en raison de sa culpabilité d’avoir abusé un jeune garçon. Puisque cet homme avait exercé son ministère au sein de cette paroisse pendant plusieurs années, on a décidé malgré tout non seulement de le célébrer, mais en plus de donner son nom au hall de l’église. Puis il s’est intéressé au plus important réseau de télévision chrétien Trinity Broadcasting Network (TNB) où il a découvert comment certains pasteurs évangéliques renommés profitaient des dons des croyants pour vivre dans un luxe inouï.

2. Manque d’amour
Et en 2001, il a rencontré d’anciens Mormons à Salt Lake City qui étaient ostracisés par les gens de leur ancienne communauté. «Pour moi, c'était incroyable de voir ça. Comment des gens qui affirmaient suivre la parole de Jésus pouvaient-ils devenir cruels envers ceux qui pensaient différemment?». Malheureusement cette attitude se reflète chez bon nombre de croyants qui ont souvent plus de facilité à aimer les criminelles, les sans-abris, les prostitués et les pauvres que leurs anciens congénères.

3. Institutions religieuses
Un autre pan de sa foi a été ébranlé en analysant les ministères chrétiens à caractère social. «J'ai cherché à voir l'influence que Dieu a pu avoir sur les institutions religieuses. Et même si elles font une tonne de choses intéressantes, des tas d'institutions laïques en font aussi. Je ne vois pas en quoi les institutions religieuses sont différentes». Puisque celles-ci ne se distinguent pas de celles qui ne comptent pas sur Dieu, il appert inéluctable selon lui que l’existence même de Dieu est remise en cause.

4. Questions sans réponses
La foi se butte quelquefois à des questions sans réponses. Lors d’une rencontre avec son ancien pasteur, celui-ci a accepté de tenter de répondre dans un échange de courriel aux questions de Lobdell. Pourquoi de mauvaises choses arrivent-elles à de bonnes personnes? Pourquoi Dieu a le crédit pour les prières exaucés, mais pas le blâme pour celles qui ne le sont pas? Pourquoi si peu de miracles? Pourquoi un athée prospère alors que l’enfant d’un croyant meurt à l’instar de la fille de ce pasteur qui est décédée d’un cancer. Les réponses du pasteur sur la souveraineté de Dieu et les limitations humaines n’ont pas réussi à ranimer ses convictions chrétiennes .

5. Expérience personnelle
Tous ces assauts à sa foi ont amené le chroniqueur à remettre en question son expérience de la nouvelle naissance en la mettant plus au compte de la fatigue, de la recherche spirituelle et de la vulnérabilité émotionnelle que d’une véritable touche de Jésus. Sa conclusion est la suivante : «J'admire les gens qui ont une foi infaillible. Ce n'est pas mon cas. J'ai fait la paix avec ça. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve. Ce n'est pas quelque chose que je prends à la légère. Mais aujourd'hui, je ne crois plus qu'il y a un Dieu là-haut qui veille sur moi.»

J’ai pris un risque avec le blogue de cette semaine. Le risque de trop bien structurer les arguments de Lobdell et ainsi donner des armes aux détracteurs de la foi chrétienne. Mais je crois qu’ignorer ces éléments n’aidera en rien à la défense de la foi chrétienne. Je pense que nous devons courageusement y faire face et tenter avant tout de comprendre le cheminement d’un chrétien rétrograde. J’ai été tenté de joindre ma voix au plus de 2000 courriels qu’a reçu Lobdell depuis la parution de son article afin de contrer ces arguments qui l’ont amené à délaisser Dieu. J’aurais pu écrire que les comportements scandalisant de leaders, congrégations et organisations religieuses sont abominables (abo-minable!) et prouvent que l’homme demeure un pécheur qui a besoin de la grâce de Dieu….que si l’amour inconditionnel était si facile (sans rien vouloir excuser), Jésus n’en aurait jamais autant parlé…. que le christianisme véritable de Jésus-Christ a très peu à voir avec des groupes sectaires comme les Mormons ou ritualistes comme l’Église Catholique Romaine…que ce qui distingue les institutions sociales chrétiennes ne se trouve pas dans leurs œuvres temporelles, mais dans leur message du salut éternel… que nos multiples questionnements sont le lot de tous croyants, que ce soit le psalmiste (voir le psaume 10), même Jésus («Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné?») car tel que l’a écrit l’Apôtre Paul, « Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu » (1 Corinthiens 13.12)…que l’expérience doit être basée sur la repentance et la foi et que cela n’est pas une émotion, disposition, opinion ou impression, mais une décision consciente et volontaire qui doit être maintenue toute notre vie durant…que Jésus parlait déjà de lui lorsqu’il a dit « Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute! (Matthieu 11.6) ». Bref, mon ami, je te souhaite d’être heureux! Et puisque que je te recommande à Dieu, alors comme on disait en vieux français : Adieu!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour Pasteur,

Je crois que vous ne devez pas avoir peur de publier les arguments de M. Lobdell car nous sommes appellés à ''donner la raison de notre espérance'' comme le dit si bien l'apôtre Pierre. Consequemment, nous devons connaître les arguments de ceux qui étaient des notres mais qui n'étaient pas des notres comme le dit si bien l'apôtre Jean.

Il est regrettable de lire ces propos dans un article écrit par un ex-professant protestant. Mais nous devons realiser que ces arguments sont aussi ceux des gens qui refusent de venir à Christ(agnostiques).

Nous sommes conscients qu'il y a des dérives dans l'histoire du christianisme,là où il y a l'homme ,il y a aussi l'hommerie. Les dérives des practiciens du christianisme n'enlève en aucun cas ,la pertinence, ni la puissance du message de la rédemption pour l'humanité en Adam.

James Alcindor