mardi 18 septembre 2007

« Je ne suis pas raciste, mais… »

C’est le titre qu’on pourrait donné à la Commission sur les accommodements raisonnables qui a débuté la semaine passé. Je suis tellement fatigué d’entendre parler de ce sujet que je ne lis presque plus les articles et n’écoutent plus les reportages des bulletins télévisés sur les accommodements raisonnables. Et je sais que plusieurs d’entre vous ressentez cette même «écoeurantite aïgue». Par contre, je crains que les causes de mon exaspération diffèrent de celles de la majorité qui en ont surtout contre les «ethnies». Pour ma part, je suis plutôt horripilé par les bons Québécois de souches de Hérouxville et d’ailleurs qui profitent de la tribune actuelle pour véhiculer leur racisme sous le vernis de la liberté d’expression. Je me suis donc poser la question : comment devrait se situer le chrétien évangélique québécois (au sens inclusif) dans le présent débat? Je regrouperai mon opinion en 5 segments principaux : la nation, le débat, la xénophobie, les accommodements raisonnables et la laïcité.

1. La nation
Le Québec est une nation distincte des autres provinces canadiennes. Ces particularités nationales doivent absolument être protégées et ce, à deux niveaux. De un, extérieurement parce que nous sommes 7 millions de québécois dans un océan culturel anglo-saxon de plus de 300 millions de personne en Amérique du Nord. De deux, intérieurement en s’assurant que notre héritage identitaire véhiculé au travers notre langue, notre culture et nos institutions demeurent pour les générations futures. Je suis fier d’être québécois! Je suis fier d’être francophone! Je suis fier de nos valeurs démocratiques et égalitaires. Ces éléments sont non négociables ou pour employer l’expression pertinente, non accommodables. Par exemple, au Québec on vote le visage découvert et si une personne n’est pas en accord avec ce principe fondamental, elle peut toujours refuser d’aller voter. Autre exemple, une personne qui choisi de vivre ici, choisi aussi de le faire dans un état francophone, il est donc normal d’avoir des lois pour inciter les gens à inscrire leurs enfants à l’école française.

2. Le débat
Ceci étant dit, de nombreux immigrants provenant de cultures souvent très différentes de la nôtre se joignent rapidement à nous. Cette réalité amène des défis de part et d’autre. Pour les nouveaux arrivants, le défi est de respecter, s’adapter et s’intégrer à leur nouvelle société d’accueil. Pour les Québécois, le défi est non seulement d’accueillir, mais surtout d’accepter ces personnes. Le Québec d’hier (blanc, francophone et catholique) n’est plus! Le Québec d’aujourd’hui est en mutation profonde. Les Québécois sont tous ceux qui vivent ici quelque soient leurs couleurs, religions ou langues. Il est donc impératif, malgré des éléments non négociables, de discuter tous ensemble pour déterminer ce à quoi nous voulons que le Québec de demain ressemble.

3. La xénophobie
Je pense que les Québécois de souche sont majoritairement xénophobes, c’est-à-dire, qu’ils craignent les cultures étrangères. Historiquement, cela peut être explicable par le fait que les Québécois ont toujours eu à se battre contre leur assimilation. Je crois même que le véritable problème dans la supposée crise actuelle, n’est pas les autres cultures, mais plutôt la culture québécoise. Avec la révolution tranquille, les Québécois ont rejeté en peu de temps bon nombre de leurs valeurs traditionnelles rattachées à leur héritage judéo-chrétien. On a jeté le bébé avec l’eau du bain! Le tissu social québécois s’est donc désagrégé et a crée une immense crise d’identité. Même les politiciens et sociologues ne s’entendent pas encore aujourd’hui sur la définition d’un Québécois! Les Québécois ne savent pas vraiment qui ils sont et en quoi ils croient. Alors inconsciemment ils craignent des immigrants qui sont fortement attachés à leurs cultures et à leurs religions. La conviction et la ferveur des uns sont un rappel pour les autres de l’absence de leurs propres conviction et ferveur.

4. Les accommodements raisonnables
Plusieurs spécialistes s’entendent pour dire (malgré certains abus montés en épingle) que le principe des accommodements raisonnables (une mesure légale qui permet d’accommoder une minorité sans léser la majorité) fonctionne généralement très bien et qu’il a contribué à la résolution harmonieuse de maintes situations épineuses. J’aimerais aussi rappeler à mes frères et sœurs en Jésus-Christ, qu’ils bénéficient eux-mêmes des accommodements raisonnables et que par le fait même ils sont aussi la cible de critiques. Lorsque les règlements municipaux de Montréal-Nord nous interdisaient de s’établir en quelques lieux que ce soit, c’est à leur devoir d’accommodement que nous avons fait appel. Le permis dérogatoire que nous avons reçu de la ville est en fait un accommodement raisonnable. D’ailleurs dans un article publié la semaine passée par le Globe and Mail sur la Commission sur les accommodements raisonnables, on lisait : « «Musulmans, juifs, anglophones, chrétiens évangéliques et immigrants en général. Tous montrés sous un jour négatif». Vous avez bien lu : « chrétiens évangéliques »! Donc la prochaine fois avant de lancer la pierre, rappelons-nous que celle-ci pourrait devenir un boomerang.

5. La laïcité
Puisque les mesures d’accommodements sont beaucoup plus d’aspect religieux que culturel, on entend beaucoup parler de laïcité ces temps-ci. Cela fait référence à la séparation entre l’Église et l’État. Je suis en accord avec le fait que ce n’est le rôle de l’état au travers ses institutions (écoles, hôpitaux, services etc.) de propager la foi. De la même manière que ce n’est pas le rôle de l’église de propager les politiques. Je ne veux pas que le christianisme devienne une religion d’état car la foi est libre et ne doit pas être imposée de quelques façons que ce soit. De la même manière, je ne veux pas que les gouvernements viennent me dire quoi prêcher sur Dieu, le péché, la famille etc. Par contre, il appert vital de clarifier une certaine confusion engendrée par les partisans de la laïcité qui prônent l’exclusion totale de la religion de la sphère publique. Premièrement, la laïcité c’est la neutralité et l’impartialité de l’état par rapport à la foi et non l’absence de toute représentation religieuse, ce qui équivaudrait à promouvoir l’athéisme. Deuxièmement, la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que le droit à la liberté de religion : « …implique la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé ». Troisièmement, il est important de faire la différence entre prosélytisme et héritage. Par exemple, les crucifix dans certaines de nos institutions sont un simple rappel de la foi et des valeurs de nos pères fondateurs et des générations passées. Au rythme où vont les choses, nous retirerons bientôt la croix du Mont-Royal, changerons le nom de Noël car trop associé à la naissance de Jésus et bifferons la moitié de paroles qui pourraient être offensantes de l’hymne nationale : « Ton bras sait porté la croix… et ta valeur, de foi trempée... ». Comment un peuple peut savoir où il est va s’il renie d’où il vient? Je me souviens? …de quoi? Pour le reste, à nous chrétiens évangéliques de faire en sorte que la croix de Jésus-Christ ne demeure pas une relique du passé, mais soit dès aujourd’hui une puissance pour le salut de notre nation. Adieu!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

wow! bravo! je suis totalement d'accord avec tout ça et ça fait du bien de voir les choses sous un autre angle pour une fois... merci!